mardi 23 octobre 2012

Presqu'île Paddle Race - Championnats de France "SUP-race"
Crozon (Finistère), du 09 au 11 novembre 2102


Émeraude Stand Up sera présent en force à la 5ème édition de la Presqu'île Paddle Race avec plus d'une dizaine de rameuses et rameuses.
Au-delà de nos chances de podiums en plusieurs catégories, l'intense plaisir de participer à ce qui est devenu une classique bretonne et nationale sera sans nul doute au rendez-vous.
Venez avec nous prendre part à cet évènement national ouvert à tous(tes), que ce soit comme inscrit(e) ou comme supporter(-trice) !
Des possibilités d'hébergements existent à Crozon-Morgat...voyez sur nos liens habituels (FB, Forums, blog).

Rendez-vous à Crozon !

P.S. : lien pour s'inscrire = http://www.presquilepaddlerace.com/

vendredi 12 octobre 2012

Interview exclusive avec Jimmy Lewis

Premiere interview d'une série de personnalités du stand paddle. Le premier à nous l'accorder n'est autre qu'une légende du shape, Monsieur Jimmy Lewis.
Il n'a ni baguette magique, ni chapeau pointu et encore moins de barbe mais n'est pas moins un magicien du shape. 45 ans de shape, une reconnaissance mondiale tant en windsurf, qu'en surf et en SUP, voici donc un petit entretien avec un Monsieur de la glisse pour qui le shape est une vraie passion.

Emeraude Stand Up: Peux tu te présenter STP?
Jimmy Lewis: Jimmy Lewis, je suis né dans le Labrador, au Canada. J'ai arrêté mes études après la terminale, à Berkeley High School (Californie), en 69. Je ne pensais déja plus qu'à surfer. J'ai un fils, Marlon.

ESUP: Comment es tu venu au surf?
JL: J'ai commencé à surfer en 1962 ou 63. c'est mon frère aîné qui s'est d'abord intéressé au surf. Moi, j'ai suivi, naturellement.



ESUP: Comment es tu venu au shape?
JL: Quand j'ai commencé à surfer, j'ai aussi commencé à fabriquer des petits modèles de planches, qui mesuraient 25 cm de long. Je shapais les pains de mousse et les stratifiais de la même manière que je le fais encore aujourd'hui. C'était encore l'époque du longboard mais un jour, en 68, j'ai vu un mec sur la plage avec une planche faite maison. C'était un shortboard qu'il avait fait lui même. je me suis alors dit que je pouvais faire la même chose moi aussi. Je suis donc allé au surfshop O'neill où j'ai acheté un pain de mousse, de la fibre de verre et de la résine. J'ai shapé ma première planche grandeur nature, une 7'6. C'est comme cela que j'ai commencé.

ESUP: Pourquoi un requin comme logo?
JL: Il y avait à l'époque un groupe de rock qui s'appelait "Mothers of invention", avec Franck Zappa. Ils ont sorti un disque en 1972 avec des chansons folles dont une que j'adorais qui s'intitulait "Mudshark". J'ai donc commencé à appeler mes planches "Mudshark surfboards". C'est mon frère qui a dessiné le logo du requin. C'est toujours celui là que j'utilise sur mes planches encore aujourd'hui. Dans les années 80, j'ai cessé d'appeler mes planches Mudshark surfboards pour Jimmy Lewis.



ESUP: Comment est venu le "succès" ou la reconnaissance?
JL: J'ai eu la chance d'être au bon endroit, au bon moment, avec les bonnes personnes. Je suis bien meilleur shaper que je ne suis surfer, windsurfeur, kitesurfer ou encore stand up paddler. J'ai et j'ai eu parmi les meilleurs à utiliser mes planches. Je n'ai jamais pensé gagner d'argent avec mes planches. J'ai toujours shaper parce que j'aime fabriquer une planche. J'ai eu de la chance de pouvoir en vivre et en même temps de faire ce que j'aimais. Quand j'ai commencé à faire des planches de windsurf, je l'ai fait parce que j'adorais le windsurf. D'ailleurs à cette époque, j'ai arrêté le surf pendant quelques années. Là encore, j'ai eu la chance de me retrouver associé à Mike Waltze et Fred Haywood (qui sera le premier homme à dépasser la barre des 30 noeuds... ce sera sur une Jimmy Lewis, ndlr) au moment du boom de la planche à voile. Bien sûr, les planches étaient bonnes mais ça m'a aussi beaucoup aidé de travailler avec les meilleurs mondiaux (ses planches furent les premières à franchir la barre des 30 noeuds puis des 40 noeuds, ndlr). J'ai donc eu de la chance de travailler avec les meilleurs mais s'ils venaient me demander des planches, c'est aussi que les planches étaient bonnes.

ESUP: Quel est ton secret pour un bon shape?
JL: Il n'y a pas de secret pour faire une bonne planche! Il y a des principes physiques et hydrodynamiques qui conditionnent des formes selon ce que tu veux faire. Je ne fais pas de gadgets comme des formes bizarres ou autres pour faire croire aux gens que j'ai un truc secret pour mes shapes. Mon "secret", c'est la manière dont je combine la fluidité et les écoulements de toutes les courbes de la planche dans un "golden ratio" (le nombre d'or, ndlr). Toutes ces courbes doivent travailler ensemble pour qu'une planche marche bien. J'ai un certain sens d'appréciation des flux que beaucoup de gens n'ont pas. Pour autant, je ne suis absolument pas technique, ce qui étonne ou déstabilise toujours les gens: contrairement à beaucoup de shapers, je ne mesure pas le rocker d'une planche et je ne le connais sur aucune de mes planches. Je sais juste qu'elles ont un bon rocker. Je regarde les courbes, c'est tout. Leurs qualités, leur fluidité sont beaucoup importantes que leurs cotes.



ESUP: Et en SUP, tu navigues sur quoi?
JL: Je ne fais que du downwind avec ma Maliko 14' à Maui. On a ici parmi l'un des meilleurs parcours de downwind au monde. Quand je surfe, c'est en longboard.

ESUP: Pourtant, tu as une gamme de SUP très développée. 
JL: Il y a quelques années, quand le SUP a commencé à devenir populaire, on m'a demandé des planches. le shape d'un paddle est très intéressant donc j'ai commencé à en faire de plus en plus et finalement à lancer une gamme. Et aujourd'hui, on en est là, avec une gamme complète qui grossit tous les ans.

ESUP: Comment vois tu l'évolution du SUP?
JL: D'un point de vue de la pratique, je ne peux le voir que grandissant, grandissant encore. Je ne pense pas que ça fera comme la planche à voile. Ce sera encore plus gros et surtout plus durable car c'est plus accessible. Tout le monde peut faire du paddle, plus que de la planche à voile; des jeunes, des vieux, des gros, des maigres, des gens forts ou pas, des femmes, des hommes... et on peut en faire partout où il y a de l'eau, c'est tout ce dont on a besoin.
    D'un point de vue technique, je ne vois pas de grosses évolutions d'ici les 4 ou 5 années à venir. Les planches ont aujourd'hui atteint un très bon niveau de performances. Il y aura bien sûr quelques améliorations mais pas de révolution. Bien sûr, il y aura toujours une marque pour te sortir un nouveau gadget sur une planche en proclamant que c'est une révolution, le meilleur truc au monde...etc. Mais ça ne sera jamais qu'un gadget. Et le gadget aura disparu l'année suivante. Si on regarde les différents modèles de la gamme, ce sont toujours les mêmes, les originaux. Les shapes sont bons, je ne vais pas les modifier pour leur rajouter un gadget qui ne servirait à rien à part vendre plus de planches. Mes shapes sont efficaces et ne se démodent pas avec le temps alors qu'un gadget suit une mode. C'est pourquoi tous les modèles de la gamme sont toujours disponibles. Quand je veux faire une nouvelle planche, je la rajoute à la gamme mais elle ne remplace pas un autre modèle. les vieux modèles sont toujours bons!!!!


ESUP: Pourquoi il n'y a pas de team Jimmy Lewis, comme les autres marques?
JL: Je fais des prix à beaucoup de monde et je donne aussi des planches à pas mal de riders mais rarement à des pros. Le pro est d'abord intéressé par sa propre promotion et va utiliser n'importe quelle planche du moment qu'on la leur donne. Leur principal intérêt quand ils choisissent un équipement, n'est pas l'équipement  en soi mais s'ils vont l'avoir gratuitement ou pas. Je donne une planche à quelqu'un. La semaine suivante, je le vois avec une planche d'une autre marque. Je lui demande alors pourquoi il surfe avec une autre planche. Il me répond que l'autre marque lui a donné une planche plus un tee shirt. Pour cette raison, le team rider ou pro rider n' aucune crédibilité. Pendant une semaine, ils vont dire à tout le monde que la planche que tu leur as donnée est la meilleure du monde et la semaine suivante, si une autre marque leur a donné un peu plus, ils vont te dire que c'est cette autre planche la meilleure du monde. les gens qui achètent mes planches sont les meilleurs ambassadeurs que je puisse avoir car on va plus croire quelqu'un qui a payé une planche pour surfer que quelqu'un qui est payé pour surfer une planche.

ESUP: Est ce vrai que tu ne testes pas tes planches avant de les commercialiser?
JL: ça fait très longtemps que je fais des planches. Presque 45 ans. Faire un bon shape ne m'a jamais paru un mystère. C'est un feeling. je vois tout de suite si une planche va marcher ou pas. On sent ces choses. Et ça marche puisque ça fait 45 ans que ça dure.

ESUP: La rumeur parle d'une nouvelle 14'. Info ou intox?
JL: C'est vrai, le shape est en cours de réalisation et elle sera achevée dans quelques semaines.

ESUP: Quand est ce qu'on te voit en Europe?
JL: L'année prochaine, je dois aller rendre visite à mon distributeur en Italie. Donc je dois aussi aller voir Julien, mon distributeur français (en Bretagne!!!! ndlr).

ESUP: Bientôt 45 ans de shape. comptes tu arrêter un jour?
JL: Je shape toujours et aussi longtemps que je pourrais encore marcher et tenir un rabot dans les mains, je continuerai à shaper.

ESUP: Peux tu nous parler de toi, de tes goûts ou dégoûts?
JL: J'adore voyager au Vietnam, où mes planches sont produites. J'aime bien rester seul aussi, la plupart du temps.Par contre j'ai horreur de la discrimination et de l'injustice. Ce sont des choses que j'ai détestées toute ma vie. En général, c'est toujours les riches contre les pauvres. Et la cigarette! C'est répugant.

ESUP: Le mot de la fin?
JL: Soyez cools dans l'eau surtout là où il y a des surfeurs. Les surfeurs n'aiment déja pas trop le SUP être sympa, courtois et partageur est une bonne idée.

Propos recueillis par S.B.